Rencontre avec Germaine Camel


Psychologue clinicienne interculturelle, Psychothérapeute EMDR – Pleine Conscience, Praticienne EFT & Matrix Reimprinting

Quand Betty Mercier-Forces m’a demandé de parler de moi, j’ai été ravie et très touchée par cette demande.
Comment parler de soi face à un inconnu ? Alors imaginez écrire sur soi pour toutes ces Étincelles, toutes mes paroles posées sur ce papier glacé dans cette magnifique revue SecondLife.

« Allez Germaine, inspire, expire. Porte ton attention sur ta respiration. Ressens les sensations dans ton corps. Si tu n’as pas de sensations, c’est déjà une sensation ; tout ça bien sûr en pleine conscience. Lance-toi ! ».

Je suis comme vous, une personne, une femme, une compagne et une maman. Mes amis proches me qualifient de personne dynamique, joviale et communicative. J’adore la simplicité et la spontanéité dans les échanges.

Être psychologue n’était pas du tout à l’ordre du jour lorsque j’étais plus jeune. Ce sont les aléas de la vie qui m’ont permis de devenir ce que je suis aujourd’hui. Très jeune déjà, j’avais conscience de l’importance de prendre soin des autres « plus fragiles ». Mon expérience de la vie, avec ses joies et ses souffrances, avait aiguisé chez moi une réelle sensibilité et une profonde empathie pour les autres. Je pense que tout ça me prédisposait à être psychologue. Le cancer et moi nous nous connaissons depuis mes 18 ans. Ma mère décède à l’âge de 48 ans d’un cancer foudroyant, ma sœur emportée par un lymphome. Et moi, par deux fois il est venu me bousculer.

À la suite de mon 1er cancer, ma rencontre en tant que bénévole auprès de femmes touchées par le cancer du sein a été déterminante. Je les visitais quelques jours après leurs interventions à l’hôpital. Elles étaient rassurées de pouvoir parler à quelqu’un qui avait vécu la même chose qu’elles. Mais elles me formulaient des demandes auxquelles je ne pouvais répondre et qui dépassaient largement le cadre de mon bénévolat. Lors d’une réunion, j’ai fait part de mon interrogation, de mon envie d’aller plus loin à ma superviseuse : « Êtes vous prête à 5 ans d’études et devenir psychologue ? ».

À 45 ans, je faisais ma rentrée scolaire en même temps que ma fille : elle à la maternelle et moi à l’Université.

Voilà pourquoi je suis aujourd’hui psychologue spécialisée dans l’accompagnement des personnes touchées par cette maladie. Dans mon parcours, j’ai rencontré aussi des femmes magnifiques avec qui je partage encore des fous rires comme mes coéquipières les RUBie’S ou les Dragon Ladies de Toulouse ; je joue au « Rugby à 5 » et je pagaie sur un bateau de 12 mètres appelé « Dragon Boat ».

Rien n’est hasard.

À l’annonce de l’ouverture d’Étincelle Toulouse, une évidence pour moi : « intervenir en tant que psychologue bénévole ». On connaît aujourd’hui l’impact d’un cancer dans la vie des femmes et toutes les répercussions que peut engendrer cette maladie que ce soit d’ordre physique, économique, social et psychologique.

Avec bienveillance, je rencontre les Étincelles lors d’un accompagnement ou d’un suivi psychologique une à deux par mois pour certaines, moins pour d’autres. Nos entretiens en individuel ou en famille durent environ 45 à 60 minutes. Je les écoute se raconter dans ce qui peut être difficile à vivre dans l’ici et maintenant. C’est leur espace où elles peuvent se dévoiler, parler de leurs craintes et de leurs angoisses face au cancer, de leur féminité, du couple, des enfants. Elles se permettent d’être à l’écoute d’« Elle-M’Aime » (clin d’œil à Nathalie Frenay, art-thérapeute d’Étincelle Montpellier). Elles se sentent protégées, entendues, comprises et non jugées dans ce lieu. Je vois ces femmes qui font face à la maladie avec une force et un courage incommensurables. Derrière un masque, elles cachent toutes leurs émotions de peur de gêner.

Au fur à mesure de nos rencontres, elles prennent conscience qu’elles ont le droit de ressentir ces émotions et de pouvoir les dire sans se cacher. Je leur transmets des méthodes de gestion d’émotions, de communication non violente et d’autres au plus près de leur singulière nécessité. Elles arrivent à mettre des mots pour donner du sens à ce qui leur arrive. Elles s’en saisissent et trouvent les moyens de se ré-approprier leur vie, leur corps, de retrouver une certaine légèreté dans ce difficile parcours. Il y a des pleurs, des sourires et même des rires qui émergent parfois de leurs récits. Je vois que leur regard sur elle-même s’adoucit et qu’elles se jugent moins durement. Une Étincelle me disait « Oui, j’arrive à dire  » Je m’aime  » ». Telle une étincelle que j’attrape en plein vol, je lui renvoie en miroir la belle personne qu’elle est.

Là, je sais pourquoi je suis bénévole auprès de ces femmes à Étincelle et mon engagement prend toute sa dimension.

Merci à vous Les Étincelles, merci à toi Betty d’avoir créer ce « Cocon » et merci à toutes et tous les bénévoles de votre générosité.